Japon 2012 Apres le déluge/101

L’Isle le 17 avril: Des tensions au parti gouvernemental PDJ, aggravées par l’affaire du redémarrage de la centrale de Ohi, … Une structure « artistique » accolée au BR4

Japon : la crise nucléaire manifeste des tensions importantes au sein du parti gouvernemental PDJ

 De fortes tensions sont apparues au sein du Parti Démocratique Japonais suite à la crise nucléaire ; ces dernières ont été récemment exacerbées par l’affaire du redémarrage très controversé de la centrale d’Ohi. Il semble que la stratégie d’un redémarrage très rapide des réacteurs jugés « sûrs » ait été « fortement » soutenue par une faction menée par le responsable par intérim du parti, Yoshido Sengoku, Yukio Edano, ministre de l’Industrie, Goshi Hosono, ministre de la crise nucléaire, Tsuyoshi Saito, secrétaire général du gouvernement et Motohisa Furakawa, ministre de la stratégie nationale alors qu’un autre courant rassemblant la ligne dure du PDJ des opposants à tout redémarrage de réacteur s’est quant à lui regroupé sous la direction de l’ancien Premier Naoto Kan.

Le contentieux a apparemment été renforcé suite à la récente déclaration fracassante de M. Sengoku sur l’absolue nécessité de rétablir la production d’électricité nucléaire pour la survie du Japon (1) ; de nombreuses critiques se sont immédiatement élevées au sein du PDJ pour faire remarquer que la politique officielle du parti dans ce domaine n’avait pas encore été définie.

Cette confrontation interne pourrait engendrer plusieurs situations au sein du parti au pouvoir :

– L’éclatement du parti PDJ qui pourrait ainsi perdre de facto la majorité à la diète
– La démission de M. Noda et de son gouvernement, manifestement impuissants à arbitrer les différends au sein du parti
– Un arbitrage tardif et peu probable de M. Noda en direction de l’un ou de l’autre des courants internes avec un remaniement éventuels des portefeuilles concernés

(1) A 180° de de l’appréciation de M. Kan et de ses soutiens sur le débat nucléaire, M. Sengoku n’a pas hésité à qualifier l’arrêt, même provisoire, des unités de production nucléaires Japonaises de « suicide collectif »

EDIT (1730) Suite à cette tension palpable, M. Edano a « rectifié » la récente déclaration qu’il avait faite sur l’arrêt « temporaire » de l’ensemble des réacteurs Japonais en déclarant ce jour : « Je me suis mal exprimé, je voulais dire qu’il n’y aura plus aucun réacteur Japonais opérationnel pour une période indéfinie. » (Source : Kyodo, 17/4, anglais). Petite déclaration, grands effets, la situation politique devient apparemment très inconfortable au Japon.
Source : mainichi.jp, 17/4, anglais

Tepco prévoit d’accoler une nouvelle structure sur le BR4 afin d’installer et d’isoler la future zone de déchargement du combustible de la SFP4

 Tepco a commencé à réfléchir à un schéma de déchargement du combustible de la piscine n°.4, une zone très fragilisée et qui contient, rappelons-le, plus de 1500 assemblages de combustible dont un cœur quasiment neuf ôté du réacteur à l’automne 2010 (1). L’opérateur prévoit d’accoler une nouvelle structure autoportante sur la face Sud du BR4 qui comporterait les caractéristiques suivantes :

Une structure en acier de 70m x 30 x 50 environ reposant sur de nouvelles fondations sera fixée sur la face Sud du reliquat du BR4 ; elle supportera un nouveau pont roulant lourd <1> ainsi qu’une nouvelle machine de déchargement de combustible <2> ; la partie Nord du nouveau bâti s’appuiera également sur un treillis métallique renforcé (en bleu) qui sera assuré au Sud sur de nouvelles fondations <3> alors qu’elle reposera simplement côté Nord sur le haut du confinement existant. Une zone couverte de toile polyester (en rouge) permettra d’isoler relativement la zone de déchargement du restant du site.

Un circuit d’aspiration (en vert) permettra de récupérer l’essentiel des particules depuis ce « sas » de travail puis de les isoler dans un double système de filtrage. L’air entrant sera introduit par un système de surpression (à gauche, en bleu). Plusieurs dosimètres installés en amont et en aval permettront de valider l’efficacité de ce système de filtrage.

Notre avis : Bon, sur le papier, c’est très bien ; il restera cependant à voir où en sera la société Tepco à l’été 2013, date prévue pour le début des travaux de déchargement (2) ; les incertitudes financières n’étant pas les moindres… Les problèmes techniques seront en outre très nombreux comme par exemple le fait de tenter d’extirper des assemblages de racks probablement endommagés par des débris et de hautes températures (3), la fragilité relative du bâtiment malgré l’appoint d’une structure additionnelle qui renforcera malgré tout obligatoirement la charge reposant au centre, sur le confinement (le porte-à-faux entre la nouvelle structure et le point d’appui gauche semble énorme : une quarantaine de mètres de portée !).

Bref ce document nous évoque plutôt une « vue d’artiste » d’un projet dont on se demande bien comment il sera financé, comment les nombreux challenges techniques seront contournés et si, une fois finalisée, toute la belle installation ne s’avérera pas parfaitement superflue dès lors que le moindre assemblage se retrouve coincé dans un rack tordu ou détérioré, comme nous le craignons. Nous n’avons en effet jamais visualisé à ce jour les parties médiane et basse des assemblages contenus dans la piscine n°. 4, lieux où la chaleur maximale a pourtant été dégagée lors des échauffements importants de mars 2011 (4)

(1) Une opération de maintenance visant à remplacer le shroud (blindage) de cuve RPV ayant été initiée en octobre 2010

(2) Il risque d’y avoir par exemple de fortes frictions entre l’opérateur et le gouvernement sur la poursuite des activités électronucléaires sur le sol Japonais
(3) L’opérateur a confirmé 2 « incendies de piscine » [SIC] au niveau de l’unité n°. 4 vers le 15 mars
(4) Un assemblage mesure environ 4.5m et comporte deux parties inertes de 30 cm à chaque extrémité ; si le combustible a commencé à fondre, il est rapidement descendu de par la densité importante du mélange UO2 (20)

Sources :
Tepco, 16/4, anglais



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