japon 2011- Après le déluge /21

L’isle sur Serein le 12 avril: On croit que c’est fini et puis ça recommence. Ainsi aujourd’hui, j’apprends par téléphone une énième secousse au Japon. Immédiatement, je m’empare de mon ordinateur et me connecte sur la NHK. Il est 22h à Tokyo et voici ce que retranscrit la station.

« Le Japon relève le niveau de gravité de l’accident nucléaire à Fukushima

L’Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle a décidé de relever de 5 à 7 le niveau de gravité de la crise, déclenchée à la centrale nucléaire Fukushima Dai-ichi. A noter que le niveau 7 est le plus élevé sur ce que l’on appelle l’échelle internationale des événements nucléaires.

A la presse, l’Agence a reconnu ce mardi que des volumes importants de substances radioactives, capables d’affecter la santé humaine et l’environnement, ont été libérés sur une vaste région.

Le niveau 7 est le plus élevé au niveau international et il correspond à la situation, atteinte lors de la catastrophe de Tchernobyl en 1986 dans l’ex-Union soviétique. Toutefois, l’agence souligne qu’à Fukushima, le volume des radiations n’est que le dixième de celui de Tchernobyl.

Toujours selon l’agence, les calculs montrent que 370 mille terabecquerels d’iode 131 radioactif et de césium 137 ont été relâchés par la centrale. 

Par ailleurs, en conférence de presse conjointe avec l’agence, la Commission de sûreté nucléaire a évalué à 630 mille terabecquerels le volume des deux substances. A noter qu’un terabecquerel équivaut à mille milliards de becquerels.

Hidehiko Nishiyama, un des responsables de l’agence de sûreté nucléaire, a rappelé que 29 personnes étaient mortes à la suite de l’exposition aux radiations lors de l’accident de Tchernobyl, mais qu’aucune victime n’est à déplorer à Fukushima. 

M. Nishiyama a ajouté que le réacteur proprement dit de la centrale de Tchernobyl avait explosé, alors que les structures externes de la centrale de Fukushima ont été endommagées par des explosions d’hydrogène. A Fukushima, l’état des réacteurs eux-mêmes n’est pas mis en question, a conclu M. Nishiyama.

 

Le relèvement du niveau de gravité de Fukushima relayé instantanément par les médias étrangers

Les médias étrangers ont été très rapides à relayer la nouvelle du relèvement du niveau de gravité de l’accident de Fukushima Dai-ichi.

Mardi, Associated Press a indiqué que les autorités japonaises avaient attribué à Fukushima le même niveau de gravité que Tchernobyl, en 1986.

Selon l’agence Reuters, le niveau 7 signifie que l’accident était majeur dès le début et non qu’il s’est aggravé par la suite.

La chaîne britannique BBC et son homologue américaine CNN ont retransmis la nouvelle en direct de Tokyo.

 

Retards dans les travaux à Fukushima à cause des répliques répétées

Les activités, visant à reprendre le contrôle des réacteurs de la centrale endommagée de Fukushima, ont été interrompues à plusieurs reprises en raison d’une série de répliques du séisme qui se produisent depuis lundi.

Ce mardi, une secousse d’une intensité de 6 moins sur l’échelle japonaise qui va de 0 à 7 s’est produite près de la centrale peu après 14 heures, heure locale.

L’alimentation électrique extérieure de la centrale est restée intacte et l’injection d’eau pour refroidir les réacteurs 1, 2 et 3 s’est poursuivie normalement.

Tepco, la Compagnie d’électricité de Tokyo, se préparait lundi à utiliser une canalisation pour transvaser de l’eau fortement contaminée, stagnant dans un tunnel à l’extérieur du réacteur 2 vers un condenseur de la salle des turbines. Mais, jusqu’à ce mardi après-midi, les techniciens n’avaient pas été à même d’entamer ces travaux, étant obligés d’inspecter la présence éventuelle de fuites sur la canalisation en question. Finalement, cette opération importante pour la suite des travaux a pu commencer.

Par ailleurs, ce mardi matin, un feu s’est déclaré dans une installation d’inspection d’échantillons d’eau de mer, mais il a été circonscrit quelque 7 minutes plus tard. L’opérateur de la centrale pense qu’un court-circuit est à l’origine de cet incident.

 

Les émissions radioactives ont été les plus fortes les 15 et 16 mars

Selon l’Agence japonaise de sûreté nucléaire, le dysfonctionnement d’une piscine de condensation d’un réacteur est à l’origine du rejet de grandes quantités de substances radioactives à la centrale Fukushima Dai-ichi.

La plupart des émissions radioactives se seraient produites pendant deux jours, après qu’une piscine de décompression connectée au réacteur 2 a commencé à donner des signes de faiblesse, le 15 mars, à 6 heures du matin.

Les radiations continuent, mais dans des quantités bien moindres qu’au début de la crise, ajoute l’agence.

 

Le Japon accorde la priorité à la santé publique, souligne M. Edano

Le porte-parole du gouvernement japonais s’est dit profondément navré de causer des préoccupations au peuple japonais et à la communauté internationale du fait de l’accident malheureux survenu à la centrale de Fukushima.

Yukio Edano, le chef du secrétariat du cabinet, a fait ces remarques ce mardi en conférence de presse. Il faisait allusion au relèvement, de 5 à 7, du niveau de gravité de l’accident par l’Agence de sûreté nucléaire.

Cependant, M. Edano a tenu à insister sur le fait qu’à la différence de la catastrophe de Tchernobyl en 1986, celle de Fukushima n’a pas causé de problèmes directs à la santé. Il devait ajouter que le gouvernement japonais continue, bien entendu, d’accorder toute la priorité à la protection de la santé publique.

Entre-temps, la Corée du Sud a exprimé ce mardi ses préoccupations à propos du relèvement du niveau de gravité de l’accident par le Japon.

Un porte-parole du ministère sud-coréen des Affaires étrangères a dévoilé que des spécialistes du Japon et de Corée du Sud ont entamé ce mardi deux journées de discussions à Tokyo sur les problèmes causés par le relâchement de substances radioactives par la centrale de Fukushima.

 

Commentaire sur le relèvement du niveau de gravité de l’accident de Fukushima

Nous avons demandé à Sentaro Takahashi, vice-directeur de l’institut de recherches du réacteur de l’Université de Kyoto, de nous parler du relèvement du niveau de gravité de l’accident nucléaire de Fukushima Dai-ichi.

M. Takahashi : 
A mon avis, le degré 7 est approprié à la gravité de cet accident, étant donné que le niveau de contamination du sol dans certaines zones autour de la centrale nucléaire de Fukushima est identique à celui de Tchernobyl.

Après les explosions des réacteurs 2 et 3, les 14 et 15 mars, de grandes quantités de substances radioactives se sont échappées des réacteurs et se sont répandues jusqu’à Tokyo. A ce moment-là, les vents soufflaient en direction du sud. Ce facteur, combiné à certaines caractéristiques topographiques, ont entraîné une accumulation de la radioactivité dans certaines zones qui s’étendent jusqu’au nord-ouest de la centrale. C’est pourquoi le niveau de contamination du sol y est comparable à celui de Tchernobyl.

Nous n’avons cessé de répéter au gouvernement qu’il fallait relever le niveau de gravité de l’accident à 6, au moins. Mais il l’a maintenu à 5 jusqu’à présent. Cela montre qu’il a sous-estimé son ampleur. 

En raison des risques encourus pour la santé, le gouvernement a également décidé d’étendre lundi la zone d’évacuation aux endroits où le niveau de radiations cumulées sur un an par personne dépasserait 20 millisieverts.

Rappelons que l’exposition annuelle est limitée à 1 millisievert par personne au Japon, tandis que le niveau maximal fixé par la Commission internationale de protection radiologique est de 20 millisieverts par an. Le fait que la contamination soit supérieure à ces niveaux dans certaines zones montre la gravité de la situation.

En ce qui concerne la contamination du sol, en revanche, nous pensons qu’une quantité considérable de substances radioactives va être rejetée dans la mer si bien que le problème sera réglé assez rapidement. Le Japon connaît de fortes précipitations et dans les régions touchées, celles-ci ont tendance à s’écouler facilement vers la mer. C’est peut-être un scenario un peu optimiste, mais il me semble qu’à la différence de l’accident de Tchernobyl, les substances toxiques ne resteront pas dans le sol pendant une période prolongée.

 

Le FMI revoit à la baisse les prévisions de croissance du Japon en 2011

Le Fonds monétaire international a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour le Japon en 2011, justifiant cette décision par les incertitudes croissantes liées au récent séisme et au tsunami qu’il a provoqué.

Dans son dernier rapport sur l’économie mondiale publié lundi, le FMI calcule que l’économie de l’Archipel va croître de 1,4 pour cent en 2011, soit 0,2 pour cent de moins que les prévisions antérieures, annoncées en janvier.

Le FMI situe entre 3 et 5 pour cent du produit intérieur brut le montant des dégâts aux habitations et aux infrastructures, provoqués par la catastrophe. Ce chiffre est environ le double du niveau des pertes occasionnées par le grand séisme de Kobe en 1995. Toutefois, les calculs ne prennent pas en compte les effets de la crise nucléaire non encore maîtrisée à Fukushima et ceux des éventuelles coupures d’électricité.

Par ailleurs, le FMI prévoit que le Japon devra probablement placer davantage l’accent sur la production d’électricité thermique. La demande croissante en pétrole qui en résulterait aura un certain impact sur les prix du pétrole brut, conclut le FMI.

 

Informations sur les niveaux de radiation sur le site web du ministère japonais des Sciences

Le ministère japonais des Sciences communique sur son site internet les niveaux de radiation relevés dans le pays entier. Ces informations sont également fournies en anglais, en coréen et en chinois.

Les niveaux de radiation et de susbstances radioactives détectés au sol, dans l’eau de pluie, dans l’eau du robinet et dans l’atmosphère sont disponibles sur le site du ministère.

Des mesures indépendantes de radiation effectuées par le ministère près de la centrale Fukushima Dai-ichi, gravement touchée par le séisme, sont aussi publiées.

Retrouvez ces informations à l’adresse suivante : www.mext.go.jp »

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